Les agents s'inquiètent du niveau de leurs pensions |
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En défendant les trente-sept ans et demi de cotisation, les fonctionnaires sarc-boutent-ils sur un privilège ou cherchent-ils à préserver un droit, de leur point de vue, légitime ?
Avec lallongement de la durée de cotisation à quarante ans, beaucoup craignent de voir leur pension restreinte. Aujourdhui, pour nombre dentre eux, elle natteint déjà pas le taux de liquidation fixé dans la fonction publique à 75 % du dernier traitement (hors primes). Selon la direction de la recherche, des études, de lévaluation et des statistiques du ministère des affaires sociales, au sein de la fonction publique dÉtat, seuls 71,6 % des hommes et 50,6 % des femmes liquident leur retraite avec une carrière complète, cest-à-dire avec les trente-sept annuités et demie requises. Cette proportion tombe à 58,7 % des hommes et 22,3 % des femmes chez les agents hospitaliers et ceux des collectivités locales.
Ainsi, de nombreux fonctionnaires partent dores et déjà avec une retraite minorée, nayant pas, au moment de leur départ, les années de cotisation requises. Plutôt que de continuer à travailler jusquà atteindre les 37,5 ans de cotisation qui donnent droit à une retraite pleine, la plupart préfèrent quitter leur poste dès quils ont rempli les conditions dâge (60 ans pour les agents en service sédentaire, 55 ans pour ceux en service dit « actif », comme les instituteurs, les infirmiers, les policiers, les pompiers, les agents dexploitation de léquipement). Ainsi, selon le Conseil dorientation des retraites (COR), seuls 26 % des fonctionnaires sédentaires font liquider leur retraite au-delà de 60 ans.
Cette tendance à partir le plus tôt possible à la retraite affecte en particulier les enseignants: nombre dentre eux, se disant « usés, lassés » par leur métier, désirent sarrêter dès que possible, quitte à rogner sur leur pension. Pour eux, un allongement de la durée de cotisation signifierait une réduction plus importante encore de leur niveau de retraite.
Cette réduction serait dautant plus conséquente que serait instaurée une décote par année manquante. Aujourdhui, le manque dune annuité entraîne une baisse de 2 points de la pension liquidée. Mais si cette baisse était accentuée par une décote de 10 %, le manque à gagner pour trois années en moins, par exemple, passerait de 6 % à 36 %. « Linstauration dune décote est autrement plus redoutable que le simple allongement de la durée de cotisation », sinquiète un responsable syndical devant ce quil considère comme une des mesures les plus explosives.
Alors que le gouvernement fait du passage aux quarante ans de cotisation le symbole de sa réforme, les syndicats tiennent à élargir le débat. Plutôt que de défendre coûte que coûte les trente-sept ans et demi de cotisation, la plupart des organisations mettent en avant la nécessité dun « taux élevé » de remplacement, à 60 ans.
Nombre de fonctionnaires semblent aujourdhui résolus, au nom de léquité, à accepter un alignement de leur durée de cotisation sur celle des salariés du privé, si toutefois des mesures de compensation sont prises. Parmi ces contreparties attendues figurent la prise en compte de la pénibilité de certains métiers, des périodes non travaillées et des années détudes, et, surtout, lintégration dune partie des primes dans le calcul de leur pension.
Pour les fonctionnaires, la pension est calculée à partir du seul traitement de base, hors rémunérations indemnitaires et accessoires. Or, ces primes constituent une part importante de leur revenu dactivité: 17 % du traitement brut en moyenne (hors militaires et policiers), selon lINSEE. Ce faisant, elles ont un poids très variable selon les emplois, allant de 4 % en moyenne du traitement pour les professeurs des écoles jusquà 40 %, voire plus, pour les cadres. Ce qui conduit, pour des carrières complètes, à des taux de remplacement réels bruts allant de 72,1 % à 55,1 % selon le COR.
Ce sujet est dune extrême sensibilité, particulièrement chez les hauts fonctionnaires, comme en témoigne la lettre adressée le 5 mars au premier ministre par le Groupe des associations de la haute fonction publique (G16) pour attirer son attention. Plus de 3000 hauts fonctionnaires et magistrats de lordre judiciaire ont apporté leur soutien à cette démarche.
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