Communiqué de presse du S4
(jeudi 23 mai 2002)
après les premières déclarations
du nouveau ministre

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Premières déclarations ministérielles :
des propositions qui conduiraient
à renforcer la fracture scolaire au lieu de la réduire

On peut souscrire à une volonté de s'adresser à la jeunesse sans démagogie, en laissant de côté le « jeunisme » et le maintien dans l'enfance. On peut aussi souscrire à la priorité d'en finir avec la « fracture scolaire » si celle-ci s'inscrit dans une politique ambitieuse d'augmentation du nombre et de la qualité des diplômés et des étudiants. Le SNES, pour sa part, propose depuis longtemps d'amplifier l'effort en faveur du suivi et de l'aide aux élèves les plus en difficulté, notamment pour l'apprentissage de la langue, en faveur de la réinsertion des sans-diplômes dans un processus de formation, de l'amélioration de l'aide sociale, de toutes les passerelles et les poursuites d'études. Le SNES propose depuis longtemps des mesures en faveur des ZEP pour aider les personnels à mieux faire face et à travailler de façon plus coordonnée. Il propose aussi des mesures pour favoriser la mixité sociale et éviter fuites et dérogations abusives.

Or, les grandes lignes tracées aujourd'hui par le Ministre ne situent pas son action dans cette ambition éducative. Il ne dit rien de la stagnation du nombre des bacheliers et de la régression de la voie générale du lycée.

S'il reconnaît que l'échec scolaire ne commence pas au collège, il n'apporte aucune solution nouvelle pour l'enrayer à l'école primaire et se contente de poursuivre les réformes de son prédécesseur au collège comme au lycée sans même envisager de les retoucher.

Il renvoie aux recteurs le soin de l'accueil des élèves en difficulté en 6e. Il insiste en parallèle sur toutes les formules qui permettraient de sortir du collège un certain nombre de jeunes : 3e en LP, apprentissage, alternance, classes relais « hors les murs ». Ces dispositions n'ont pas le même sens si elles complètent des dispositifs efficaces de lutte contre l'échec ou si elles s'y substituent. Or, l'absence de mesures nouvelles pour le collège renforce l'hypothèse d'un délestage important des élèves hors du collège, accompagnant le maintien de fortes inégalités sociales.

Toutes ces propositions s'inscrivent dans une logique de globalisation des moyens (ordonnance organique relative aux Lois de Finances), de renforcement de l'autonomie des établissements, de territorialisation des politiques éducatives, de déconcentration et dans une politique de « l'encadrement ». Loin de réduire la fracture scolaire, la territorialisation risque au contraire de la renforcer en amplifiant les adaptations locales, la concurrence entre établissements, en leur renvoyant le soin de se débrouiller au nom du seul objectif de résultat, en amoindrissant les références nationales qui fondent le principe républicain d'égalité. Voulant en finir avec ce qui sépare l'administratif du pédagogique, le Ministre ouvre la voie à la confusion des rôles.

Le Ministre, non seulement n'envisage aucun collectif budgétaire ni pour la rentrée 2002, ni pour financer ses maigres mesures (100 nouvelles classes relais, meilleure indemnisation de l'école ouverte...), mais il laisse planer le doute sur les engagements pris par son prédécesseur, notamment sur le temps de travail des CPE et des COPSY dont les textes sont prêts.

S'il reconnaît bien la nécessité de recruter 180 000 enseignants d'ici 2005, il fait l'impasse sur les conditions à remplir pour rendre la fonction attractive.

Ces annonces n'ont fait l'objet d'aucune concertation avec les organisations syndicales. Certaines sont lourdes de menaces sur l'organisation du service public et la situation des personnels. Le SNES appelle les personnels à la vigilance et à débattre rapidement de ces orientations dans les établissements.

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