Violences à l'école :
annonces en trompe-l'œil

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Paris, le 30 octobre 2002
Communiqué de presse du S4

Violence à l'école : des annonces qui cachent mal la disparition programmée de plus de 20 000 adultes dans les établissements

Xavier Darcos vient d'annoncer ses orientations en matière de prévention de la violence à l'école. Il ne s'agit pas d'un plan dont l'annonce aurait été paradoxale dans le contexte actuel de restriction budgétaire (suppression de 5 600 postes de MI-SE et de 20 000 emplois d'aides-éducateurs, renoncement à créer les 5 000 emplois d'enseignants du 2nd degré promis en mars 2000). Au-delà de quelques effets d'annonces, ces orientations se caractérisent surtout par leur manque d'ambition en matière d'éducation et de prévention.

Beaucoup de mesures annoncées ne sont pas vraiment nouvelles (signature par l'élève et sa famille du règlement intérieur qui précise déjà les droits et devoirs de chacun, remise en main propre du bulletin scolaire chaque fois que cela est possible, mesures de réparation et travaux d'intérêt général…) ou reprennent des annonces connues depuis mai 2002 (développement des dispositifs relais et de l'école ouverte) voire plus anciennes (relance des internats).

D'autres mesures posent problème comme la déscolarisation définitive d'élèves majeurs sur décision du seul chef d'établissement (l'exclusion définitive relève des prérogatives du conseil de discipline), la "diversification des parcours" qui risque de se traduire par le délestage du collège d'une partie de ses élèves avec le développement de l'alternance, l'évaluation du "parcours civique" de l'élève au baccalauréat ou encore la multiplication des postes à exigences particulières (PEP). L'expérience des PEP1 et PEP 4 montre justement que le profilage des postes renforce de fait l'instabilité des équipes. Pour encourager le volontariat (notamment des plus jeunes) et stabiliser les équipes, il faut donner aux personnels l'envie d'y venir pour y rester, en améliorant sensiblement leurs conditions de travail, en leur accordant du temps de concertation dans leur service, en les formant mieux à la prise en charge des élèves en grande difficulté.

La composition du conseil de discipline va être modifiée en y réintégrant l'adjoint du chef d'établissement et des représentants des collectivités locales, ce qui suppose pour ces derniers qu'ils y viennent véritablement. Le SNES rappelle qu'il demande qu'on revienne sur la minoration de la représentation des enseignants décidée en 2000.

Si la restauration de l'autorité des personnels est un objectif auquel nous souscrivons, cela ne peut se régler par simple effet d'annonce sans moyens mis à la disposition des équipes pour mieux remplir leurs missions, et ce dans un contexte social et économique dégradé. Ce n'est pas, par exemple, avec 5 600 MI-SE en moins que les établissements pourront "généraliser les salles d'études surveillées permanentes" pour accueillir notamment les élèves retardataires et les perturbateurs passagers. Il ne suffit pas d'annoncer qu'il faut "rouvrir les portes du savoir" pour que la question des apprentissages scolaires soit réglée d'un coup de baguette magique. Pour prévenir l'échec scolaire et permettre la réussite de tous, il convient d'améliorer les conditions de travail des élèves, de les accueillir dans des établissements plus humains et de mettre en face d'eux des personnels plus nombreux, stables, mieux formés et pouvant travailler en équipe. De telles mesures ne prendront tout leur sens que si elles sont accompagnées par une politique ambitieuse de lutte contre le chômage, la précarité, l'exclusion sociale et les ségrégations urbaines.

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