La lettre sur les TPE des collègues d'Hélène Boucher

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Le lundi 21février 2000

Les enseignants du lycée Hélène Boucher
à Monsieur le Ministre de l’Éducation,
à Monsieur le Recteur,
sous couvert de Madame le Proviseur du lycée Hélène Boucher

Les enseignants du lycée Hélène Boucher, réunis par leur Proviseur pour information sur les TPE, ont conclu après réflexion que la mise en place de ces travaux n’était pas envisageable, pour les raisons suivantes:

— la démarche de recherche approfondie qu’ils supposent n’est pas adaptée à l’enseignement secondaire, prévu pour l’acquisition de connaissances fondamentales;

— comme les heures de «vie de classe», celles prévues pour ces TPE le sont au détriment de l’horaire collectif de classe pour les matières concernées. Les heures d’apprentissage collectif, déjà fortement amputées par la réforme des lycées, seront encore diminuées;

— les TPE, loin d’illustrer l’allégement souhaité par le ministre, vont alourdir considérablement la charge de travail des élèves et des professeurs. Les élèves de première auront à préparer l’E.A.F., les matières en contrôle continu et leur dossier de TPE. Les professeurs devront consacrer beaucoup de temps dans l’année à se documenter personnellement sur les sujets choisis par les élèves pour ces TPE. Il est évident que l’heure prévue par semaine pour le suivi des dossiers ne suffira pas pour une classe de 35 élèves. Or, tout le temps passé en dehors des séances ne sera évidemment pas rémunéré;

— les TPE vont accentuer la différence sociale entre les élèves. Du fait du faible équipement de l’établissement en moyens de documentation, les élèves qui possèdent un ordinateur et un accès à Internet seront favorisés par rapport aux autres. De même, les élèves que leurs parents pourront aider seront également favorisés. Or la note comptera pour le contrôle continu. Il y a également un risque que les dossiers présentés, évalués, ne proviennent de la simple copie de dossiers d’autres établissements, d’autres académies, ou se résument à la compilation de documents prélevés dans les divers médias. L’intérêt pédagogique semble don bien minime par rapport à l’investissement que cela supposera chez les enseignants;

— les moyens matériels, technologiques, que suppose le projet, n’existent pas et n’existeront pas à la rentrée. On peut, par ailleurs, s’étonner qu’en période de restriction budgétaire le ministère ait décidé que des sommes considérables pouvaient être débloquées pour l’installation, la maintenance et l’utilisation massive d’Internet, alors qu’il est impossible d’obtenir les moyens humains indispensables au bon fonctionnement des établissements. Ces nouvelles technologies ne sont pas dominées par la plus grande partie des professeurs;

— les enseignants sont attachés à la notion de classe en tant que structure collective. Les TPE veulent donner l’impression aux parents que l’école s’occupe individuellement de leurs enfants, alors que le temps passé avec chaque élève sera dérisoire et que cela supprimera des heures de cours collectifs. Par ailleurs, ce suivi de petit groupe pose un problème de responsabilité, puisque le professeur reste responsable des élèves non encadrés (lesquels n’auront aucune salle pour les accueillir);

— enfin, les enseignants du lycée H.Boucher sont profondément choqués de constater que les préparatifs de mise en place s’effectuent dans les établissements avant que le bilan de l’expérimentation ne soit connu. L’expérimentation apparaît donc, non comme un réel souci d’évaluer le projet, mais comme une simple concession à ceux qui demandent une concertation, sans désir d’en tenir compte.

Pour toutes ces raisons, les enseignants du lycée Hélène Boucher refusent la mise en place des TPE. Dans le secondaire, les élèves ont besoin qu’on leur transmette des connaissances solides et générales sur lesquelles pourront s’appuyer leurs recherches en scolarité post-baccalauréat.

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